famille tdah

Maman TDAH

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Je vais y aller frette, net, sec. J’ai eu un diagnostic de TDAH récemment. Quand on me demande quels étaient mes symptômes, je ne sais même plus par où commencer. Or, chez le docteur, je pense que j’ai commencé par raconter que je n’avais jamais eu le courage d’apprendre à jouer au Veritech en maternelle. Ça lui a donné une idée de mon éparpillement, mettons.

Je me suis toujours sentie un peu extra-terrestre. Au primaire, mon bureau était toujours dans le corridor parce que je parlais trop. Je me rappelle encore de la gêne quand la cloche sonnait et que les plus vieux allaient croiser mon regard. Je remettais mon pupitre à niveau avec un motton de feuille mobile en guise d’évitement. Un genre d’aide-concierge, t’sais. De toute façon, au niveau scolaire, ça passait bien parce que je réussissais quand même. Mais socialement, je dirais que c’est pas tout le monde qui veut être l’amie d’une petite fille aux cheveux de deux centimètres de long qui parle sans arrêt pis qui veut runner la cour d’école au complet. Non. Et ce n’était que l’ébauche d’une vie complète à assumer qu’être exhubérante vient avec un ratio d’une personne sur quatre qui t’aime pas trop trop la tronchinette. Ça vient avec. Les personnes comme moi, si tu ne trouves pas les qualités avant de chercher les défauts, ça vient de s’éteindre.

Sauf que quand on devient maman, il faut conjuguer avec tout ce qu’implique notre déficit d’attention tout en étant une bonne maman. Et là, ça devient tough sul’ corps. Forcément, on se met à avoir des lacunes. Non, je n’oublie jamais le lunch de mon fils, ni même sa cuillère, mais après ces matins mouvementés à la maison, il se peut que j’oublie les réunions. Il se peut que j’essaie de rentrer avec acharnement dans la voiture d’un autre qui ressemble même pas un peu à la mienne, sans toutefois avoir le son de cloche naturel que si elle ne se débarre pas, c’est peut-être un signe. Il m’est même déjà arrivé d’oublier d’avaler une gorgée avant de parler, laissant déferler sur mon menton et mon poitrail un ruissellement de liqueur devant le regard mystifié de mes interlocuteurs.

Je tenais bon quand même! Parce que j’ai aussi beaucoup d’autodérision et très peu d’orgueil (un jour, je pourrai même vous raconter la fois que j’ai eu des parasites en Afrique mais avant, j’essaie de voir si le Canal D est prêt à me donner le gros prix pour mon témoignage). Là où ça se corse, c’est quand les gens commencent à te définir comme une “perdue” ou une “pas là pantoute” alors que tu es une maman. C’est confrontant parce que toi, tout ce que tu as entrepris (souvent avec brio), à partir du matin pour tenter de rentrer au travail la tête tranquille, tu te trouvais bonne. T’avais même l’impression de torcher. Le petit est parti avec un beau Ricardo dans le thermos, les ongles coupés, les deux-oeufs-saucisses ingérés pis t’as même pris la peine de jaser avec sa prof. Mais le résumé que tu reçois, c’est qu’en fait, t’es une perdue. Et au lieu de me fâcher, j’ai décidé de m’aider.

Comme se diagnostiquer le TDAH est maintenant plus à la mode que de manger une poutine au bacon dans un festival de musique underground en crop top fleuri, j’avais peur que la Doc roulent des yeux au point de se fouler un œil devant mon témoignage. Finalement, elle a décidé de m’aider à améliorer ma vie.

À date, j’ai déjà moins d’Hot Wheels dans ma sacoche et plus souvent mon set de clés. Je suis sur la bonne voie, baby

Annie Richard

          ANNIE RICHARD

Annie Richard

Je suis une mi-trentenaire, maman d'un magnifique garçon de 8 ans et éducatrice spécialisée dans le milieu scolaire avec de jeunes autistes excessivement mignons. Je pratique la couture et quelques sports, que j'abandonne après la moindre embûche. J'ai aussi une fascination pour les dinosaures et Claude Poirier. Je trouvais ça important de le dire car ainsi, on évite les surprises. Bref, j'aime écrire et j'ai envie de vous partager toutes sortes de belles affaires, souvent comiques, dans ma vie de maman.

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4 Comments

  • Ahhhhhh que j’ai envie de t’encourager, toi… ici, on est une maison tdah… papa, maman et les 3 enfants. Bref, la maison a l’air des émissions sur l’amassage compulsif, on trouve très normal de porter des bas déparayés et régulièrement le linge est oublié mouillé dans la laveuse. Ça donne une famille vivante, mais vraiment encrée dans sa routine, à la limite du trouble obsessif compulsif. C’est simple si on déroge c’est l’implosion. Je te comprend, pour vrai, VRAIMENT… courage… le défi, c’est d’apprendre à vivre avec le jugement des autres. Reste intègre avec toi-meme et ton sentiment de fierté quand t’as réussi à atteindre les objectifs que tu t’es fixé.

  • Oh que ça fait du bien de lire ton histoire! Ce mois-ci après avoir dû passer 25 minutes avec mes enfants sur le balcon ( en ce début d’hiver) à tenter de trouver des jeux les plus rigolos possibles pour faire oublier que j’avais (encore) oublié mes clés. Après avoir klaxonné rageusement un automobiliste qui passait sur une lumière verte parce que j’étais CONVAINCUE que MA lumière était verte (jusqu’à ce que je comprenne que ce n’était pas le cas). Après que j’ai arraché mon propre miroir de « char » avec ma propre poubelle ( sté celle qui est bleu royale)… j’ai décidé que mon tda n’était plus « cute ». J’ai passé ma vie à être la lunatique un peu drôle qui s’embarre à l’extérieur de son appart en t-shirt/bobettes ou celle qui part prendre le métro avec sa carte de bibliothèque (les guichetiers n’ont pas tous beaucoup d’humour) ou celle qui dois expliquer à son prof qu’elle a juste « oubliée » qu’elle avait un examen… Avec deux enfants, ce n’est plus mignon, c’est être la mère qui oublie que c’est la journée costumée au cours de patin ou qui met une banane dans le lunch de sa fille quand c’est la journée « collation spéciales » et que tous ses amis ont des gâteaux. C’est être celle qui vire sa sacoche à l’envers dans le stationnement pendant que les 2 enfants pleurent parce qu’ils sont fatiguées ou celle qui a oublié le souper dans le four…. Même si je vivais beaucoup d’anxiété à l’école quand je me rendais compte que j’allais me faire chicaner parce que j’avais oublié/perdu mes mitaines/ mon devoir/ mon linge d’éducation physique, c’est depuis que je suis mère que mon sentiment de compétence en mange un coup… J’en suis à ma première journée avec une médication que moi, miss bio, produit naturels croyais être réserver aux enfants mal élevés ( ne me jugez pas, je m’en charge!)

    • Tu me fais du bien ce soir! Ma vie ressemble à la tienne! ET même la culpabilité qui t’habite!!!

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