Fan de l’hygiène corporelle ou amatrice du lavage à la mitaine, un bon moment donné, dont la fréquence dépend de tes principes pis des odeurs ambiantes, tu n’as d’autre choix que de swigner la chair de ta chair dans le bain pour un nettoyage en bonne et due forme.
Ça commence normalement par une séance de déshabillage dont la durée varie en fonction de l’âge de ta progéniture, de sa capacité à passer son gilet par-dessus sa tête mais aussi de celle d’accepter l’aide que tu lui proposes quand ladite tête ne passe pas dans l’encolure de la blouse à grands coups de chui-pris-mais-c’est-drôle-regardez-moi-regardez-moi-touche-moi-pas-chui-capab’-tout-seul. Une fois le linge sale savamment éparpillé à la grandeur de la maison, le fruit de tes entrailles entreprend sa course-tout-nu-pré-bain-effrénée dans la corridor en riant le plus fort possible dans un tonnerre de menaces moins efficaces les unes que les autres.
Cinq minutes plus tard, il rentre maladroitement dans l’eau sous ton regard inquiet de le voir se fendre le crâne dans le fond du bain en raison de son habileté douteuse. Il hurle que c’est chaud ou que c’est froid comme s’il venait de mettre les pieds dans un seau d’acide mais s’adapte étrangement rapidement pour un martyr.
Pas besoin de te dire que tu ne te donnes aucune chance en donnant le bain passé sept heures le soir. Tu cours à ta propre perte. Le rire-de-la-fatigue-international qui s’échappe de sa gorge comme la musique d’une trame sonore de film d’horreur te confirme déjà que t’auras pas de fun.
Ça fait que pour acheter une couple de minutes de paix, tu le laisses jouer avec Patrick-la-pieuvre-gluante, le petit-bateau-vert-poisseux pis Tony-l’étoile-de-mère-visqueuse. Ça te rappelle la fois où t’avais pris la résolution de laver les jouets de bain. C’était un soir. T’avais bu beaucoup de vin. C’est du passé. Ce qui ne nous tue pas nous rendu plus fort. Pis dans la mer, tout est visqueux. C’est de même.
Quand l’heure fatidique arrive et que t’annonces le lavage de cheveux imminent, t’as le droit à une brochette de protestations qui passent par toute la gamme des émotions. De la frustration, ça se fini en crise de larmes aigue quand t’es formellement accusée d’avoir volontairement envoyé du shampoing-qui-pique-pas dans les yeux de ton pauvre enfant qui hurle sa vie comme si tu venais de lui brûler la rétine avec un tisonnier.
C’est à peu près là, avec les cheveux plein de savon, que ton rejeton larmoyant t’annonce qu’il a envie de pipi. Pas question d’attendre les trois minutes restantes pour finir de le laver, il te menace d’un pipi-dans-le-bain-immédiat si tu ne le sors pas de là en quatrième vitesse.
À demi-essuyé avec le shampoing qui dégoûte dans le dos, il s’enligne vers la toilette en manquant de perdre pied trois fois et il se retient après le bol pour ne pas passer dans le trou pour cause de fesses mouillées.
De retour dans le bain maintenant ben frette, tu rinces ses cheveux en deux temps trois mouvements à grand coup de seau d’eau dans les oreilles pis tu le laves vite fait, à genoux sur le plancher de la salle de bain, le bord du bain dans le ventre.
Il faut évidemment que tu le convainques de sortir de là en utilisant la stratégie de t’auras-pas-d’histoire-pas-de-chanson et que tu supervises son remettage de bobettes pis de pyjama qui obtempèrent plus ou moins parce que tu l’as à moitié séché.
Le moment ultime du lavage des dents dure cinq secondes comme d’habitude mais tu n’en fais plus de cas. Quand tu brosses de travers, cinq secondes ou cinq minutes ne font aucune différence. Pis des dents de lait, ça tombe anyway.
Et te v’là fin prête pour le phase dodo. D’ici une heure et demie, tu devrais être bonne pour t’évanouir devant la télé.
Courage là !
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