Mon chum, en fin de semaine, c’est la fête des pères. Pour l’occasion, j’ai décidé de serrer ma face de carême, mes reproches, mes gros yeux pis mes soupirs. Dimanche, ça va être ton jour de break. Au lieu de passer le plus clair de mon temps à t’en vouloir de ne pas avoir changé le rouleau de papier de toilette pis d’avoir fini le lait pis le pain sans en acheter d’autre, je vais me concentrer sur tes bons coups. Comme quand t’as fait pipi sans arroser le bol de toilette au complet pis quand t’as pensé à enlever tes bottes de jobber pleines de terres en rentrant pour une fois. Ben non, je te niaise. T’es pas si pire que ça. T’es juste jeune dans ton cœur hen ?
Depuis cinq ans, t’apprends à être papa à tes dépends. Quand je suis tombée enceinte, tu trouvais ça cute. T’as ben dû freaker une couple de fois à mon insu mais t’étais plutôt du genre c’est-rien-qu’un-bébé-faut-pas-capoter. T’as changé d’idée. Vite. Ta face, à trois heures du matin, quand tu te levais pour une quatrième fois parce que notre chérubin braillait sa vie trahissait ton trouble d’adaptation majeur. Tu savais juste pas quoi faire pantoute de cette micromachine-productrice-de-tas-pis-de-vomi-là. Mais t’sais, je le sais ben que tu le trouvais cute pareil. Des fois. Quand il dormait.
Tu l’avais pas, toi, le dispositif intégré de paternité qui permet de savoir quoi faire avec un bébé qui hurle au milieu de la nuit. Ça fait que tu donnais le meilleur de toi-même au meilleur de tes connaissances. Tu préparais les biberons à la sueur de ton front sans les stériliser. La stérilisation, c’est pas comme la vasectomie ça ? Tu leur vissais le bec avec des tétines à débit rapide à qui mieux-mieux. Y’a des débits sur les Playtex ? Tu droppais Fiston dans sa chaise vibrante sans l’attacher. Pas besoin, il bouge même pas ! Pis tu changeais les couches en lui laissant une slice de marde entre les fesses. C’est pas là tout le temps, ce slice-là ? Si j’avais pu te tuer avec mes couteaux dans les yeux, tu serais mort une couple de fois.
Par chance, t’as survécu à mes reproches, mes hormones pis ma mauvaise humeur. On va se le dire, t’es un survivor. Même si ta jauge de fun est descendue ben ben bas pis que ça lui a pris pas loin d’un an à remonter, t’es resté. T’as appris à fermer ta boite selon la technique oui-oui-t’as-raison pendant les tempêtes pis à me prendre dans tes bras à la fin de l’orage quand c’est moi qui explosais dans une marée de larmes incontrôlable dont personne ne connait la provenance. T’as appris à laver les fesses du petit sans laisser de slice pis t’as compris que des tétines à débit rapide, c’est pas fait pour les moins de quatre semaines. À c’t’heure c’est toi qui triplecheck si Fiston est bien attaché dans le char comme dans sa Graco pis t’es ben content de plus avoir besoin de stériliser de biberons.
Je savais pas que tu connaissais autant de comptines pour enfant. Ni que t’étais capable de faire la bataille-pour-semblant avec trois poids lourds pendant une demi-heure. Je savais pas que t’étais un meilleur négociateur que Claude Poirier. Ni que ça te tenait autant à coeur d’apprendre aux enfants à se respecter pis à s’aimer. Je savais pas que tu attendais les vacances d’été avec autant d’impatience, juste pour passer du temps avec ta famille. Ni que tu traînais une photo des enfants quand tu partais en voyage d’affaires. Même juste trois jours. Je savais pas que tu pouvais te dévouer autant pour les gens que t’aimes. Ni que t’étais un père aussi exceptionnel.
Demain, je vais sûrement trouver quelque chose à te reprocher, c’est ma job. Mais je veux que tu saches qu’à mes yeux, tu resteras toujours le meilleur papa au monde. Même si t’oublies de sortir les poubelles. Pis même si tu laisses de la pâte à dent dans l’évier de la salle de bain.
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